L’hiver est synonyme de conditions de fonctionnement difficile pour une voiture. Elle est confrontée, souvent sans écran protecteur, aux rigueurs climatiques, qui accentuent la pression sur la plupart de ses fonctions essentielles, (comme la faculté de démarrer), mais influe aussi sur l’efficacité de bon nombre d’accessoires, à l’utilité souvent mal considérée. L’hiver, ensuite, est pour le pilote, la saison de tous les inconforts corporels et de limitations majeures de la vision ou de l’altération des autres sens.
Les constructeurs, conscients de l’importance de ces déficits néfastes à la sérénité au volant, ont ajouté, au fil des années, un nombre impressionnant d’accessoires capables de palier tout ou partie des handicaps sensoriels générés par les variations climatiques saisonnières. Il est extrêmement important (parfois vital), de ne pas négliger l’état de service et l’entretien de ces auxiliaires de sécurité indispensables, même s’ils semblent n’apporter qu’un bonus de confort. Ce dossier liste l’essentiel des points à contrôler et éventuellement à corriger, selon une échelle de valeur d’importance décroissante pour la sécurité des passagers et le meilleur rendement du véhicule.
Optimiser la visibilité
Pendant l’hiver, plus qu’à toute autre saison, il est très important de maintenir la parfaite propreté des surfaces transparentes, pour cause de luminosité en chute libre et de condensation maximale sur les vitres. Il s’agit, évidemment du pare-brise, qui doit être tenu propre et net, mais aussi de la transparence des optiques de phares. Fabriquée en matières synthétique depuis de nombreuses années, leur surface devient de plus en plus opaque avec le temps. Il convient, à ce stade, de leur faire subir un traitement à base d’un produit dédié disponible dans tous les commerces spécialisés en automobile, destiné à leur rendre leur transparence et à multiplier d’autant leur pouvoir lumineux. Ne négligez pas le nettoyage des vitres de feux arrière, en insistant sur l’éclairage et la surface des plaques d’immatriculation. Maculées de boue, elles peuvent vous valoir les foudres de la maréchaussée !
Contrôler l’efficacité de l’éclairage
L’éclairage est l’une des fonctions essentielles et les plus importantes, quelle que soit la saison. L’allongement des périodes nocturnes, augmente d’autant, en hiver, l’impact décisif de l’éclairage sur la nécessité de bien voir et de bien être vu. L’optimisation de la sécurité active, largement influencée la nuit par une vision optimisée de la route et des panneaux de signalisation, est directement dépendante du parfait état de fonctionnement des feux de croisement et des feux de route. L’entrée dans l’hiver est donc la période de prédilection pour vérifier, le pouvoir éclairant des ampoules (qui s’usent avec le temps), ainsi que le bon réglage des optiques. N’oubliez pas dans votre tournée d’inspection, les phares antibrouillards, souvent négligés mais si utiles lors des périodes cotonneuses. Le respect de ces quelques règles simples, est la façon basique, de vous donner les meilleures chances de distinguer à temps les dangers ou les obstacles imprévisibles encombrant la chaussée. Autre conséquence primordiale, il minimise drastiquement les risques d’éblouir les conducteurs venant en sens inverse. Alors, faisons collectivement mentir l’adage selon lequel le danger vient bien souvent des autres ! La sécurité passive est quant à elle, largement conditionnée, au parfait fonctionnement des éclairages de position avant et arrière, à la signalisation lumineuse des modifications de parcours (clignotants et Stops) et des feux arrières de brouillard. Dernier conseil, évitez comme la peste les ampoules surpuissantes (> 50 W) ou tout autre effet lumineux multicolores. Ils sont hors la loi (donc verbalisables) et potentiellement dangereux pour vous et pour les autres. Si vous avez l’impression d’y voir moins bien, vérifiez plutôt l’étanchéité, la propreté et l’absence de corrosion sur des connexions électriques.
Note : s’appuyant sur le constat que la nuit représente seulement 10 % du trafic, mais occasionne plus de 40 % des accidents mortels, l’entrée de l’hiver est la saison choisie, par les associations spécialisées sur la sécurité routière avec le concours des collectivités locales, pour organiser de grandes campagnes dédiées à l’éclairage. À cette occasion, les éventuels défauts de fonctionnement sont répertoriés et les feux de croisement réglés, gratuitement et en moins de 20 minutes d’immobilisation du véhicule, en moyenne.
Le casse-tête des zones dans lesquelles les pneus neige ont obligatoire
Depuis le 1er novembre 2021, la loi montagne instaure l’utilisation obligatoire d’équipements spéciaux entre le 1er novembre et le 31 mars. Le but louable de cette loi, vise le double objectif de désengorger les axes routiers enneigés, rapidement obstrués par les véhicules dont le conducteur a perdu le contrôle (notamment au moment des grandes migrations hivernales) et de sécuriser les usagers empruntant ces réseaux. Sont concernés, tous les véhicules légers, poids lourds et autobus circulant dans les zones définies. Présager de l’étendue de ces zones est plus complexe qu’il n’y parait ! Les zones de montagne et des massifs sont certes, relativement bien définies par les articles 3 à 5 de la loi. Sur le terrain, les choses se compliquent, car le préfet, après consultation d’un panel de personnalités locales et de commissions très compétentes (comités de massifs), détient en dernier ressort, le pouvoir discrétionnaire de classer dans cette catégorie, des communes entières, des routes particulières (même si elles se trouvent dans le piémont, assez loin de la montagne) ou seulement quelques kilomètres de portions de routes disséminées sur leur territoire de compétence. Certes, la loi prévoit une nouvelle signalisation appropriée (panneaux B26 et B27), à l’entrée et à la sortie de la zone. Il est pourtant difficile, pour un usager occasionnel de ces parcours, d’établir un itinéraire sans se heurter à ce type d’obstacle légalement infranchissable. Sans les équipements réglementaires, il n’existe pas d’autre solution que le demi-tour, à la recherche d’un itinéraire permettant de contourner la zone. Bilan : des heures perdues, des kilomètres supplémentaires effectués à grand frais de carburant et d’émission de gaz à effet de serre.
Ce que prévoit la loi, en matière d’équipements spéciaux
Pour éviter ce genre de déconvenue, Il est donc indispensable, si vos pérégrinations peuvent vous conduire, un jour vers une zone montagneuse, de prévoir les équipements réglementaires dès la préparation hivernale du véhicule. À l’heure où nous parlons, trois options sont possibles :
- Équiper le véhicule, sur ses 4 roues, de pneus neiges homologués « 3PMSE », portant en relief sur le flanc, un symbole de montagne à 3 crêtes chargé d’un flocon. Il s’agit de la solution la plus performante et la plus sécurisante pour les climats très rigoureux, dont les voies de circulation sont habituellement recouvertes de neige pendent et quelquefois en dehors de la période concernée par la loi montagne. Outre un budget élevé, ces pneus comportent quelques inconvénients congénitaux : usure rapide de la bande de roulement sur l’asphalte sec ; bruits de fonctionnement prononcés ; contrainte de démontage les beaux jours venus pour les remonter quelques mois plus tard.
- Monter 4 pneus « 4 saisons », reconnus pour être plus sécurisants que les pneus été, dès que la température ambiante s’abaisse en dessous de 7 °C. Attention toutefois, certains fabricants distraits, oublient de demander l’homologation 3PSME pour leurs pneus 4 saisons. S’agissant, alors d’une dénomination purement marketing, ces produits ne sont pas conformes aux exigences de la loi montagne. Si le petit logo (identique aux pneus neige précités) est présent, la formule des pneus 4 saisons reste une option à la fois sécuritaire, réglementaire et économique, évitant les rotations saisonnières de roues ou de pneumatiques.
- Disposer dans le véhicule, d’une paire de chaînes à neige ou de « chaussettes antidérapantes » en matière synthétique, appropriées à la dimension des roues motrices. Pour des raisons d’équilibre de trajectoire, il est préférable, sur les 4×4, d’équiper les quatre roues. Les chaussettes sont plus faciles à installer et moins bruyantes que les chaînes et s’auto-alignent en roulant. Comme les chaînes, elles n’autorisent cependant, que des vitesses très limitées et sont interdites sur autoroute. Attention : les unes et les autres s’usent très rapidement dès que la route est déneigée. Utilisée selon les règles de l’art, il s’agit de la solution la plus économique, mais aussi la plus contraignante. On note cependant que dans certaines situations très particulières (fortes pentes), les chaînes à neige sont plus performantes que les pneus hiver et qu’à l’inverse, certaines dimensions de roues n’acceptent pas le montage de ces équipements. Prenez conseil auprès de votre revendeur préféré.
Il est bon de savoir que pendant une période de transition fixée à 2 années (du 1er novembre 2021 au 31 mars 2023), les infractions à ces dispositions feront l’objet d’un rappel à la loi, mais ne seront pas sanctionnées par l’amende prévue de 135 €.
Vérifier souvent la pression de gonflage et l’état des pneus
Il est bien connu des automobilistes que l’air se dilatant avec la chaleur, la pression des pneus est largement influencée par leur température. C’est la raison pour laquelle tous les carnets d’entretien de toutes les marques, préconisent, pour tous les modèles de véhicule, d’adapter la pression à froid (20 °C). Chacun a acquis le réflexe d’augmenter de 0,3 bar la pression lors d’un contrôle de pression après un parcours sur route ou sur autoroute. Le pneumatique refroidissant, retrouvera ainsi, à l’arrêt, sa pression de consigne. Il en va de même, mais c’est moins connu, lorsque les températures ambiantes baissent. Ainsi, dès 7 °C, la pression interne du pneu chute de 0,1 bar. À zéro degré, c’est 0,2 bar en moins ! Il est donc fortement recommander de surgonfler les pneus de façon raisonnée à l’entrée de l’hiver, puis de contrôler fréquemment cette pression, notamment si la température chute en dessous de 0 °C. On peut rappeler, également, que l’usure de la bande de roulement doit être une plus grande préoccupation pendant la période hivernale. Si vous utilisez des pneus hiver un peu anciens, il n’est pas inutile de vérifier la profondeur des sculptures (minimum 4 mm, pour conserver toutes ses qualités au pneu).
Durée de vie et stockage des pneus d’hiver
L’importance de l’âge du pneu, vient moins naturellement à l’esprit. Après 5 années de bons et loyaux services dans des conditions climatiques sévères, la gomme des pneus, tous types ou marques confondus, perd rapidement ses qualités premières. Elle durcit, s’use plus vite et n’accroche plus avec la même efficacité. En deux mots, même si le pneu parait encore fringant et si ses sculptures avoisinent sur toute la surface de roulement la profondeur réglementaire, il peut devenir dangereux et doit être remplacé. La date de fabrication de chaque pneu est repérée par un code, composé du mot « DOT », suivi d’une série de chiffres, inscrits en relief sur le flanc visible du pneu. Les 4 derniers chiffres, informent de la date de fabrication. Par exemple, DOT XXXX0517 indique que le pneu a été fabriqué au cours de la 5e semaine de l’année 2017. Les chiffres précédents, renseignent sur l’usine et le pays de fabrication. Cette notion, obligatoire aux États-Unis, est sujette à controverse chez nous, car selon la réglementation européenne, un pneu stocké dans de bonnes conditions doit être considéré comme neuf pendant les cinq années suivant sa fabrication. Dans ces conditions, la seule indication de durée d’utilisation vraiment fiable est la date de facturation du montage sur les jantes dédiées au véhicule. Si les conditions de stockage, très réglementées, sont censées subir un contrôle sévère chez les professionnels, il n’en est pas de même pendant les intersaisons au domicile des propriétaires. Dès le démontage estival, il est important de bien nettoyer les pneus et les jantes, à l’aide d’eau tiède et de savon neutre, soigneusement rincé. Si vous utilisez un nettoyeur à haute pression, utilisez la pression minimale et conservez un angle de 45 degrés, au jet. Ainsi préparés, on estime généralement que les roues stockées dans un endroit frais et sec, à l’abri des UV, peuvent durer une dizaine d’année.
Bien préparer la batterie aux rigueurs de l’hiver
Les automobiles modernes utilisent toujours plus d’énergie électrique. En cause, la généralisation et la multiplication des équipements gros consommateurs. Logiquement, la batterie, source autonome d’énergie du véhicule, tient une importance toujours grandissante dans les préoccupations de l’automobiliste, car plus sollicitée, la batterie est à l’origine d’un nombre de pannes en augmentation sensible. Selon une étude de l’association de prévention routière allemande ADAC, plus de 50 % des dépannages mettaient en cause, en 1998, un problème électrique ou électronique, dont plus de 40 % concernaient directement la seule batterie. L’explication du phénomène est simple : les batteries, toutes techniques confondues, s’accommodent mal des températures extrêmes :
- À partir d’un certain niveau (> 45 °C), la chaleur provoque une baisse drastique de rendement des batteries et en limite la durée de vie. En été, il n’est pas rare, sous les effets conjugués du fonctionnement du moteur thermique et du rayonnement solaire sur la carrosserie, de mesurer plus de 150 °C dans le compartiment moteur (là où se trouvent justement 80 % des batteries de démarrage). Sous cette température, le processus chimique interne à la batterie s’emballe, avec pour effet immédiat, une décharge d’anormale envergure. Ajoutez à cela l’augmentation conjuguée de la consommation électrique due à la climatisation, aux démarrages répétés dans les embouteillages des migrations saisonnières, à la gestion moteur, etc.), la batterie, surchargée, n’est plus en mesure d’assurer son service. Au bout de quelques heures, c’est la panne !
- En hiver, le processus, différent, n’est guère plus réjouissant. En dessous de 0 °C, les accumulateurs électriques peuvent perdre plus de 30 % de leur autonomie, alors que, conjointement, la demande d’énergie est décuplée par les éléments de confort et de fonctionnement (toujours clim pour le désembuage, chauffage, sièges chauffants, dégivrage des rétroviseurs, etc.). Notez que lorsque le moteur thermique est lancé, la chaleur produite revigore momentanément la batterie. Les véhicules à traction électrique ne bénéficiant pas de cette embellie, utilisent leur propre énergie pour se réchauffer, ce qui accélère leur décharge, affectant d’autant l’autonomie. Avec un moteur thermique, la batterie, affaiblie, n’est plus en mesure s’assumer la forte puissance nécessaire pour actionner le démarreur. C’est à nouveau la panne !
Fort de ces constats, il est aisé de comprendre pourquoi la batterie, déjà fortement éprouvée par des étés de plus en plus chauds, doit être soigneusement vérifiée à l’entrée de l’hiver, pour s’assurer de la validité de ses capacités à assurer les démarrages. Cette préparation commence par une recharge lente complète (10 à 12 h à 2 ou 3 A), suivie d’un test de tenue de la charge. Pour ce faire, le recours à un professionnel est recommandé, car le prix des équipements spécialisés est largement dissuasif et les procédures à la portée des outillages d’amateurs, trop aléatoires. Si votre véhicule, enfin, reste inactif pendant l’hiver, n’oubliez pas qu’une décharge naturelle de ±0,1 V/mois est normale. Il faut donc recharger régulièrement la batterie durant la mauvaise saison, pour éviter une décharge inférieure à 50 % de sa puissance, qui limiterait sa durée de vie. De plus, une batterie à acide déchargée devient sensible au gel, qui la détruit irrémédiablement.
Contrôler les essuie-glaces et le dispositif de lave-glace
En hiver, la capacité de nettoyage des essuie-glaces, est largement affectée par les projections de matières solides ou grasses recouvrant l’asphalte. Suivre, par exemple, un véhicule en période de fonte des neiges est un exercice redouté par les pilotes les plus chevronnés. Dans ces conditions, les balais d’essuie-glaces doivent être véritablement sans reproche. C’est pourquoi l’entrée de l’hiver est la période la plus appropriée pour contrôler le parfait état des balais d’essuie-glaces. N’hésitez pas à les remplacer à la moindre trace d’eau, laissée par leur passage sur un pare-brise propre. Dans le même esprit, prohibez l’eau pure, pour le remplissage du réservoir de lave-glace. Les premières gelées le rendraient inopérant. Si vous êtes momentanément à court de liquide antigel dédié à cet usage, 10 à 15 centilitres d’alcool ménager (ou à brûler), versés dans le réservoir de lave-glace, avant l’appoint d’eau, retarderont sa gélivité. Attention, cependant, cette pratique doit être considérée comme un expédient d’urgence provisoire et exceptionnel. En effet, au-delà de son odeur peu agréable, l’alcool s’évapore dès que la température remonte, annulant très vite l’effet escompté et l’eau du robinet, le plus souvent chargée de calcaire, bouche les tuyaux et les injecteurs.
Rester plus vigilant, à l’entrée et pendant l’hiver, au bon entretien général du véhicule
Nous ne le répéterons jamais assez, l’hiver est la période de tous les dangers, pour le véhicule et ses passagers. Nous nous devons donc, pour notre sécurité et celle des autres, d’être encore plus vigilants à son entretien habituel. Cela commence par utiliser le niveau de protection au gel approprié, aux conditions climatiques prévisibles, pour les circuits de refroidissement moteur et de chauffage. Veillez à bannir le déséquilibre des freins et de pression des pneumatiques, qui accentuent au centuple, les risques de dérapages incontrôlés ou de têtes à queues, sur sol gelé ou simplement plus glissant. L’utilisation d’huile moteur à la viscosité adaptée, évite certaines difficultés de démarrage et prévient l’usure prématurée du moteur. À ce sujet, souvenez-vous qu’un moteur thermique s’use plus rapidement tant qu’il n’a pas atteint la température de fonctionnement apte à réduire les jeux de fabrication entre les pièces en mouvement. Il est donc prudent de le ménager pendant sa période de chauffe. Contrairement aux idées reçues, attendre qu’il chauffe, moteur au ralenti, à l’arrêt, n’est pas indispensable. Il est même largement préférable de ménager une distance à faible vitesse, pour permettre la mise en température de tous les organes en mouvement. Pour terminer, la présence en période de gel de sel sur les routes, accentue de façon significative les risques de corrosion des bas de caisses. Même si ces phénomènes sont beaucoup mieux maîtrisés, aujourd’hui, le dessalage fréquent, à l’eau claire, des projections est une contrainte salutaire pour la durée de vie de la carrosserie et des accessoires exposés.