Assurément Auto

Que veut dire le GT ou le GTI de certains modèles de voitures ?

De tout temps, depuis que les moyens terrestres de transport existent, les hommes ont cherché à aller toujours plus vite et dans de meilleures conditions de confort et de sécurité. L’automobile à vocation sportive ne déroge pas à cette règle. Cela a donné lieu à différentes classes de véhicules à hautes performances. Parmi elles, certaines sont véritablement des voitures d’exception, d’autres sont des véhicules au tempérament résolument sportif et quelques-unes enfin, essaient de donner le change, avec plus ou moins de bonheur. Ce dossier fait le point sur cette « bouteille à l’encre », en pleine mutation, avec entre autres, la création prévue pour l’an prochain d’un nouveau championnat du monde des GT.

Historique de la dénomination GT

Contrairement à ce que l’on pense généralement, les premiers véhicules Classés GT sont aussi anciens que l’automobile. Nous en trouvons des premières traces dans l’Italie du XVIIe siècle sous l’appellation « Gran Tourismo », rapidement remplacé auprès des passionnés de l’époque, par l’abréviation « GT », donnée à un bolide… à vapeur ! Ce sigle devait devenir, au cours du développement de ce moyen de transport devenu mythique, non seulement un symbole, mais une véritable philosophie dans la conception, dans la manière d’appréhender l’automobile et une certaine idée du luxe. Loin de vrombir comme nos sportives actuelles, les premiers bolides GT étaient destinés aux longs déplacements transfrontaliers. À ce titre, ils se devaient d’être rapide, performants, mais aussi de proposer un espace suffisant pour embarquer les bagages et tous les équipements nécessaires pour ces longs déplacements, dans les meilleures conditions de confort. Ces voitures se devaient, en outre, pour mieux affirmer leur caractère d’exception, d’être construites en petites séries pour un public choisi. La plupart de ces critères ont survécus aux extraordinaires mutations de l’automobile, devenant souvent, à l’image des engins de course pure, des précurseurs en matière d’innovations techniques, que l’on retrouve encore sur nos véhicules de série modernes. Leur ADN les prédisposant à affuter en permanence leurs performances routières, de nombreuses compétitions ont rapidement mis en concurrence ces bolides sur des parcours ouverts (rallyes) ou dans des courses d’endurance sur circuits

Critères définissant un véhicule Grand Tourisme

Chaque organisation peut avoir sa propre interprétation de ce qui définit un véhicule grand tourisme. Selon la Fédération Internationale Automobile(FAI), une voiture GT, est un véhicule fermé ou découvert, comportant une ou deux portes disposées latéralement sur chaque côté et équipé d’au moins deux sièges, situés de part et d’autre de l’axe longitudinal. Il doit être homologué pour circuler sur les voies publiques, doit être confortable, mais capable de performances, en toute sécurité sur les circuits de compétition. Cette définition sommaire, s’accompagne d’une impressionnante liste de contraintes, applicable à chaque catégorie, définissant les modifications autorisées en course, par rapport au véhicule de série dont il découle (appelé « base »). Ces restrictions imposées, porte sur tous les composants du véhicule (mécanique, transmission, échappement, éclairage, électronique, tableau de bord, aide à la conduite, aménagement intérieur, carrosserie, etc.). Notez que les voitures à transmission intégrale (4 x 4) sont exclues de la classe R-GT. On insiste sur le fait que l’obtention de l’homologation FAI, est réservée aux seuls véhicules de série, dont le nombre minimal d’exemplaires produits annuellement, varie en fonction de la catégorie. Certains constructeurs célèbres se sont spécialisés dans le genre (Ferrari, Porsche, Aston Martin…). D’autres plus confidentiels, ne présentent qu’un à trois modèles dans leur catalogue (Spyker, Panoz, Pescarolo…). La plupart des grands constructeurs mondiaux sont présents sur le créneau (Renault, Toyota, Volkswagen…). Plus surprenant, on y trouve des spécialistes du grand luxe (Bentley, Cadillac), ou des spécialistes du tout-terrain (Land Rover). On voit, enfin l’émergence de Tesla, finalisant les essais d’un véhicule GT à traction 100 % électrique : La Tesla Model S P100D.

Classification des véhicules GT destinés à la compétition

Aujourd’hui organisées en catégories, on assiste donc à plusieurs courses dans la course. Ces compétitions restent très prisées des aficionados et du grand public. La plupart des épreuves sont réalisées sous l’égide de la FIA. Afin de conserver l’égalité des chances à chacun des compétiteurs, professionnels ou amateurs, la FIA a édicté et contrôle systématiquement, un certain nombre de règles, destinées à mettre en lice, des bolides aux qualités approchantes. Ces dispositions, Incontournables, pour évoluer dans les compétitions nationales et internationales, s’attachent à la fois aux circuits, aux véhicules et aux pilotes, mettant un accent particulier sur la sécurité. Jusqu’en 2012, le règlement FIA prévoyait 4 catégories de grand tourisme (GT1, GT2, GT3 et GT4). La réforme de 2012 signe la disparition des catégories GT1 (± 700 CV) et GT2 (± 600 CV), Prototypes vaguement inspirés des véhicules de série, mais jugés trop dispendieux et se démarquant désormais trop peu, en performance et en fiabilité, des véhicules de catégorie  GT3, en pleine évolution. Ces voitures sont cependant toujours présentes sur les circuits, dans des compétitions dédiées (Word GT1), non reconnues par la FAI. Elles peuvent cependant espérer un retour en grâce, par le biais de la réforme prévue en 2022. Restent donc en lice, au titre de la FAI :

  • Les GTE, remplacent dès la saison 2011, la défunte catégorie GT2, dont elle tente de gommer les dérives d’équipements. Taillée sur mesure pour les 24 heures Du Mans et ses séries associées, en collaboration avec l’ACO (Automobile Club de l’Ouest), elle est connue aux États-Unis sous l’appellation GTLM (GT Le Mans) ! La série a connu une nouvelle révision en 2016, pour améliorer ses performances, trop proches des GT.
  • Les GT3, reines incontestées des épreuves sportives de grand tourisme, sont issus de bases homologuées pour la route et accessibles aux particuliers. Elles répondent à des critères très ouverts, mettant en concurrence des véhicules très différents, en taille, en conception et par leurs origines. Pour pallier les inégalités créées par cet échantillonnage disparate, le FAI devrait annoncer dès l’année 2022 un train d’évolution de la formule. Outre des règles techniques, plus restrictives, il est prévu, entre autres nouveautés, des régimes différents pour les véhicules d’usine et les véhicules d’amateurs. On comprend aisément que les moyens financiers et techniques, sans commune mesure, dont disposent les uns et les autres, faussent, de fait, l’équité de la compétition.
  • Les GT4, ne sont autorisées à subir que peu de modifications par rapport aux véhicules de série, afin d’éviter l’escalade des prix connus en GT1 et GT2. Très en vogue depuis sa création en 2006, L’activité de cette catégorie marque le pas ces dernières années, malgré l’arrivée de nouvelles voitures, capables de changer la donne (Porsche Cayman Clubsport MR GT4, Mc Laren 570 s GT4, Aston Martin Vantage GT4…).

Les véhicules GT de série et les dérivés

Les voitures routières de série, pouvant se targuer d’arborer fièrement l’appellation Grand Tourisme, sont en principe des véhicules sportifs issues de marques de prestige, répondant aux caractéristiques sommairement évoquées en introduction de ce texte. Par ailleurs, à quelques exceptions près, tous les grands constructeurs mondiaux, ont au moins un véhicule pouvant prétendre porter le sigle GT sans rougir. On se souvient des Ford GT, des Mitsubishi 3000 GT, des Bentley Continental GT et de bien d’autres, tout aussi représentatives. À l’inverse, nombre de vrais GT, sportives ou familiales, peuvent revendiquer le titre sans le porter : Bugatti EB 112, Facel Vega excellence, Ferrari Pinin, Jaguar XJ, la plupart des Porsche, etc. Le plus souvent carrossées en coupés ou en cabriolets, elles peuvent aussi se présenter sous la forme de berlines ou de familiales, comme la Porsche Panamera, la Lamborghini Taraf ou Faena, la Citroën Metropolis… Parallèlement, pour bénéficier de l’image flatteuse de la formule, les constructeurs ont commencé, dès les années 1970, à distinguer leurs modèles les plus « musclés » par des sigles approchants. Le précurseur fut Volkswagen qui, dès 1976, présente sa petite Golf, voiture compacte populaire s’il en est, à laquelle est accolé le sigle GTI. La Golf GTI, donc, se voit tout à coup propulsée dans la galaxie des véhicules de luxe, puisque dans l’inconscient collectif GTI ne peut être qu’un diminutif de « Grand Tourisme à Injection ». Notez que la marque n’a jamais confirmé la corrélation entre les deux formules, sans la démentir pour autant, axant sa communication de promotion sur la puissance du moteur, l’échantillonnage renforcé de la suspension, la taille des pneus et les petites touches, inhabituelles dans ce type d’automobiles à l’époque (élargisseurs de voies, spoilers, béquets, compte-tour…). Renault a suivi de près (quelques mois), de façon plus subtile, avec sa R5 Alpine. Pas de sigle GT cette fois, mais la même volonté de tirer le meilleur parti commercial de la belle renommée acquise au fil des années, en accolant le nom du seul véritable monstre GT maison durable (la berlinette Alpine). À partir de là, ce fut l’escalade, chaque marque alignant un sigle évocateur du prestigieux GT plus ou moins fantaisiste, y compris pour ses modèles diesels, pas vraiment véloces.

Reprise en main des marques de prestige

Notez que la formule n’a pas dû donner tous les résultats escomptés. Renault a été l’une des rares marques généralistes à exclure de tout temps, le dérivatif de GT, au profit du RS, pour ses petites voitures surmotorisées de série ou de compétition. Afin, certainement, de tenter d’enrayer les dégâts occasionnés à l’image d’excellence de leurs productions, les grandes marques historiques de voiture de sport européennes, ont produit, en réaction, leurs propres dérivés du sigle GT. On a vu ainsi fleurir :

  • GTA (pour Allégée) chez Alfa Romeo ;
  • GTB (pour Berlinette) chez Ferrari ;
  • GTC (pour Compresseur) chez Alfa Romeo, mais aussi (pour Cabriolet) chez Bentley  ou (pour Coupé) chez Ferrari ;
  • GTS (pour Spider) chez Ferrari ;
  • GTR (pour Racing) chez Mc Laren, Mercedes ou Nissan ;
  • GTO (pour omologato), chez Ferrari, Mitsubishi ou Pontiac ;
  • GTV (pour Veloce) chez Alfa Romeo ;
  • GT1, GT2, GT3 ou GT4, pour les véhicules spécialement préparés pour ces classes de compétitions ;
  • GTE (pour Endurance), pour nombre d’autos inscrites sur les courses de fond.

On le voit, Ferrari et Alfa Roméo sont en pointe dans la lutte engagée pour redorer le blason des sigles GT, souvent dévoyés pour des raisons mercantiles. Le pari semble porter ses fruits, puisque les GTI et autres GTD ont pratiquement disparu sur le marché des véhicules de grande série… au profit du sigle RS (Renault, Audi, Skoda…).

Les GT, 100 % électriques

Aucun sigle n’est mentionné dans le précédent chapitre, pour identifier la catégorie des véhicules à moteur électrique (100 % ou Hybrides). Le sigle logique devrait être GTE, mais on a vu qu’il était déjà largement utilisé sur les véhicules de course, jusque dans le championnat de formule 1. Nous nous bornerons donc à prendre acte du communiqué de la FAI, annonçant officiellement la création d’une formule GT électrique. On ne connaît encore, ni le nom officiel de cette nouvelle catégorie, ni sa date d’entée en vigueur, mais ses performances sont déjà esquissées : batteries acceptant une puissance de régénération et de recharge de 700 KW. Capacité maximale d’accus de 87 KWh, puissance motrice de 548 CV. Ces bolides du futur, devraient même approcher et pourquoi pas dépasser en performances, les très appréciées GT3 avec 300 km/h en vitesse de pointe et moins de 2,3 s en accélération de 0 à 100 km/h. À suivre… Cela n’empêche pas la technique d’évoluer ! Le premier véhicule GT 100 % électrique commercialisé, spécialement conçu pour la course, vient d’être dévoilé. Il porte un nom bien connu des circuits de formule 1 et de l’industrie automobile de compétition. La Beltoise BT01, développée depuis 4 ans est produite par l’entreprise « Beltoise eTechnology » dirigée par Julien Beltoise, fils cadet du regretté pilote de Formule 1. Ce premier véhicule, servira à l’entraînement des pilotes sur le circuit de Haute Saintonge de la Génétouze, dirigé également par Julien Beltoise. Sans être foudroyantes, ses performances sont honorables : 1200 kilos de poids, pour une puissance de 290 KW, soit 390 CV ; 0 à100 km/h en 4 secondes ; vitesse e pointe 210 km/h ; autonomie de 25 minutes, avec 46 kWh d’énergie embarquée. À l’image des constructeurs généralistes, l’ensemble des spécialistes de voitures GT s’affairent sur leurs projets d’électrique. Gageons que les mois et les années qui vont suivre, apporteront leur lot de nouveauté dans ce domaine. Certains, comme Bentley, ont d’ailleurs déjà annoncé la fin prochaine de leurs productions de véhicules thermiques !

Des sigles approchants, mais pas concurrents

À l’analyse de ce qui est mis en évidence dans ce dossier, il est possible d’affirmer que le sigle GT incarne depuis toujours, la reconnaissance d’un art de vivre l’automobile dans ce qu’elle peut apporter de meilleur. Cette classe de voiture, inventée pour rendre un vrai service spécialisé dans les voyages au long cours, a nourri en sensations physiques et intellectuelles, des générations de passionnés. Les GTI se placent sur un autre plan. Certes, elles sont capables de performances remarquables, mais n’apportent rien d’autre que ne peuvent fournir les véhicules de base du même modèle. Elles imposent même, souvent, un déficit de confort provoqué par le durcissement de la suspension, indispensable pour absorber la surpuissance, un niveau sonore plus élevé et un coffre à bagage inadapté. Les modèles GTI ne comblent donc que les attentes de pilotages sportifs (impraticables en toute légalité, sur les réseaux routiers actuels). Elles ont fourni, par contre, aux constructeurs généralistes, un argument marketing supplémentaire. IL s’agit d’une niche commerciale éphémère, vite reprise par les constructeurs traditionnels de voitures GT.