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Rétrofit ou comment transformer sa voiture thermique en électrique

Le prix des voitures électriques est encore relativement élevé. La situation ne va pas s’améliorer d’ici les prochaines années en raison notamment de la pénurie de semi-conducteurs qui touche actuellement le secteur. Pour pouvoir transiter vers l’électromobilité sans malmener leur portefeuille, les automobilistes peuvent envisager le rétrofit. Cette solution de recyclage qui consiste à remplacer le moteur thermique d’un véhicule en un bloc électrique est devenue légale depuis 2020 et évite de changer de véhicule.

Qu’est-ce que le rétrofit ?

« Rétrofiter », « rétrofit électrique », « rétrofit », autant d’expressions anglophones qui signifient globalement « réaménagement », « rénover » ou « conversion ». L’Ademe a donné une définition de ce que veut dire clairement cette pratique. Pour cette agence publique de la transition écologique, le rétrofit est avant tout une technique qui sert à modifier, ajouter ou restaurer des systèmes vieillissants tout en préservant leur usage initial. En clair, le procédé consiste à convertir une voiture thermique en un véhicule électrique grâce au remplacement de sa motorisation.

L’initiative s’est imposée depuis que la mobilité électrique est au cœur de tous les débats. Toutefois, les experts la considèrent comme un phénomène éphémère qui n’a pas pour vocation de perdurer pendant de nombreuses années. Le rétrofit s’inscrit tout simplement comme une alternative complémentaire à l’achat de voiture électrique neuve. Selon l’Ademe, il est plus avantageux de se lancer dans cette pratique pour les véhicules lourds. L’économie financière à la clé s’avère plus intéressante, car il coûterait 50% moins cher d’utiliser un poids lourd rétrofité qu’acheter un modèle neuf. En revanche, la méthode est peu rentable pour les citadines, berlines, SUV et autres véhicules particuliers.

Quels sont les avantages et inconvénients d’un rétrofit ?

Le principal atout du rétrofit est d’ordre environnemental. D’ici 2050, le pays envisage d’atteindre la neutralité carbone. Une des solutions pour y arriver consiste à favoriser l’électromobilité. Avec l’apparition des zones à faibles émissions dans les agglomérations de plus de 150 000 habitants, les voitures thermiques dotées de certificats Crit’Air 4, 5 puis 3 d’ici juillet 2022 n’auront plus le droit de circuler dans les centres-villes. Privilégier la voiture électrique avec un Crit’Air 0 évitera de subir ces contraintes règlementaires.

Par ailleurs, le rétrofit est intéressant d’un point de vue tarifaire. Cette pratique en est à ses prémices et il est relativement compliqué de déterminer des prix fixes. Toutefois, il semble que le coût moyen tourne aux environs de 8000 euros. Bien que ce tarif soit assez élevé, il est moins important que le prix d’une voiture électrique qui démarre au minimum à 20 000 euros.

Le rétrofit a aussi des impacts économiques non négligeables. Il permet de développer des filières à l’origine de nouvelles activités, de nouveaux métiers et de compétences professionnelles. Les fabricants de kits ainsi que les installateurs s’inscrivent parmi les principaux acteurs clés de ce nouveau secteur. Cette méthode permettrait aussi de créer des emplois et donne l’opportunité aux garagistes de développer une activité complémentaire pour gagner d’autres revenus.

Par contre, le rétrofit n’offre pas que des avantages. Il existe aussi des points négatifs à prendre en compte comme l’autonomie limitée des voitures rétrofitées. Ces dernières ne seront certainement pas en mesure de fournir un rayon d’action de 300, 400 voire 500 km. Elles se contenteront d’une centaine de kilomètres, ce qui est suffisant pour réaliser les trajets au quotidien. La question de la fiabilité est également souvent évoquée. Étant donné qu’il s’agit d’un nouveau procédé, le rétrofit peut potentiellement engendrer encore certaines défaillances sur l’auto, à plus forte raison si l’opération n’est pas réalisée par un véritable expert.

Quel est le cadre légal du rétrofit ?

Seules certaines catégories de véhicules sont éligibles au rétrofit. Parmi elles figurent les modèles de la catégorie L à savoir les cyclomoteurs, les motos, les véhicules tout terrain et les petits véhicules à moteur. Dans la catégorie N se trouvent les camionnettes et les camions dédiés au transport de marchandises. Quant à la catégorie M autorisée, elle regroupe les véhicules assurant le transport de passagers et équipés de quatre roues au moins. Les engins agricoles et les voitures de collection appartenant à la catégorie Z sont exclus du dispositif.

Pour que le rétrofit soit possible, il faut que le véhicule soit immatriculé en France et qu’il soit âgé de plus de 5 ans. À titre exceptionnel, il est envisageable de rétrofiter un véhicule de catégorie L de trois ans à condition d’obtenir l’autorisation du constructeur.

Le rétrofit doit respecter un cahier des charges très strict pour être faisable. Par exemple, l’alimentation doit provenir exclusivement d’une batterie de traction ou d’une pile à combustible à hydrogène. Les dimensions de base de la voiture ne doivent pas non plus être modifiées lors du rétrofit. Par ailleurs, la puissance du moteur électrique doit être inférieure ou égale à celle du moteur d’origine. Après la transformation, il ne faut pas que le poids de l’auto dépasse les 20%. La loi interdit aussi la revente d’un véhicule rétrofité avant 6000 km ou un an après l’opération.

La prime au rétrofit électrique. Prix de l’opération.

Étant donné qu’il s’agit d’une méthode moderne et récente, le coût d’un rétrofit est assez élevé. Ce paramètre dépend de plusieurs éléments comme l’autonomie recherchée ou encore le type de voiture. Au minimum, un automobiliste dépensera 8000 euros pour rétrofiter une citadine. Ce montant passe de 15 000 à 20 000 euros pour les plus gros modèles.

Afin d’encourager les conducteurs à se lancer dans cette conversion à défaut de l’achat d’une voiture électrique, le gouvernement a mis en place une prime au rétrofit électrique. Pour être éligible, il faut être majeur, être domicilié en France, avoir fait appel à un professionnel habilité pour réaliser la conversion et avoir acheté le véhicule depuis au moins un an. Le montant accordé dépend du revenu fiscal de référence. S’il est inférieur ou égal à 13 489 euros par part, la prime couvre 80% du prix de l’opération dans la limite des 5000 euros. En revanche, s’il est supérieur à 13 489 euros, le montant accordé n’est que de 2500 euros. Pour les camionnettes et autres véhicules utilitaires, l’aide peut aller de 5000 à 9000 euros en fonction de la Classe du fourgon.